La scène est posée : la cité royale de Sukhothai, berceau du royaume siamois naissant. L’année est 924 après J.-C. Le Roi Sri Indradityavarman règne avec fermeté, mais son long règne a semé les graines de discontent chez ses propres héritiers et l’influence croissante des monastères bouddhistes ne fait qu’accentuer la tension.
Sri Indradityavarman était un souverain énergique et visionnaire qui avait étendu le territoire du royaume, développé l’agriculture et encouragé le commerce. Cependant, il n’avait pas désigné clairement son héritier, laissant planer le doute sur sa succession. Ses fils, ambitieux et impatients, se disputaient le pouvoir dans l’ombre.
Parallèlement, le bouddhisme Theravada, introduit en Thaïlande au VIIe siècle, prenait une importance grandissante. Les monastères, véritables centres de pouvoir intellectuel et économique, commençaient à influencer la vie politique du royaume. Leurs moines érudits étaient consultés par le roi sur des décisions importantes, et certains même jouaient un rôle actif dans les affaires gouvernementales.
C’est dans ce contexte tumultueux que se produit le Coup d’État de 924. Orchestré par un groupe de princes mécontents avec le soutien tacite de certains monastères, il vise à renverser Sri Indradityavarman et à placer sur le trône un autre fils du roi, plus docile à leurs intérêts.
L’événement se déroule dans la nuit. Des troupes fidèles aux rebelles envahissent le palais royal, surprenant les gardes royaux. Sri Indradityavarman est arrêté sans résistance et confiné dans ses appartements. Le nouveau souverain, désigné par les chefs du complot, prend possession du trône.
Le Coup d’État de 924 marque un tournant important dans l’histoire du royaume de Sukhothai. Il met en évidence la complexité des relations entre pouvoir politique et religieux dans cette époque troublée. Les conséquences sont nombreuses :
- Fragilisation du pouvoir royal: L’intervention directe des princes et des monastères dans la succession royale fragilise le pouvoir central. Le nouveau roi, choisi par ses instigateurs plutôt que par droit divin, n’a pas l’autorité absolue de son prédécesseur.
- Renforcement du rôle des monastères: La participation du clergé bouddhiste au Coup d’État renforce sa position dans la société thaïlandaise. Les monastères deviennent des acteurs incontournables de la vie politique, capables de jouer un rôle actif dans les décisions importantes.
- Instabilité politique: Le coup d’État ouvre une période d’instabilité politique qui durera plusieurs années. De nouvelles luttes de pouvoir émergent entre différentes factions nobles et religieuses, créant un climat de tension permanente.
Il est intéressant de noter que le Coup d’État de 924 n’a pas été condamné par l’ensemble des habitants du royaume. Certains habitants, lassés du long règne de Sri Indradityavarman ou souhaitant voir une plus grande influence du bouddhisme dans la société, ont accueilli avec enthousiasme le changement de pouvoir.
Conséquences à Long Terme:
Le Coup d’État de 924 a des répercussions durables sur l’histoire du royaume de Sukhothai et de la Thaïlande en général :
Impact | Description |
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Déclin du pouvoir royal absolu | L’intervention des monastères dans les affaires politiques remet en question le concept de pouvoir royal absolu. |
Émergence d’une nouvelle élite | Le coup d’État favorise l’ascension d’une nouvelle élite composée de princes ambitieux et de moines influents. |
Renforcement du bouddhisme Theravada | Les monastères, bénéficiant de leur implication dans le changement de pouvoir, consolident leur position dominante dans la société thaïlandaise. |
Le Coup d’État de 924 est un événement fascinant qui éclaire les enjeux complexes de la vie politique et sociale en Thaïlande au Xe siècle. Il illustre également comment l’influence croissante des institutions religieuses peut transformer profondément le paysage politique d’un royaume.
Cet épisode historique nous rappelle que le pouvoir, même celui considéré comme divinement accordé, est toujours sujet aux manipulations et aux luttes d’influence.